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Éducation et Économie Sociale et Solidaire : incompatibles ?

Éducation et Economie Sociale et Solidaire ? Deux thèmes qui paraissent à première vue difficilement compatibles puisque l’on a du mal à imaginer comment l’éducation, droit inscrit dans la Déclaration universelle des droits de l’homme depuis 1948,  peut devenir un sujet économique. Et pourtant, de plus en plus d’acteurs économiques s’intéressent à l’éducation et oeuvrent plus particulièrement pour la réduction des inégalités scolaires. Aujourd’hui en France le constat est préoccupant : les résultats des élèves issus de milieux défavorisés sont en constante baisse tandis que ceux des élites augmentent. L’écart se creuse et le système éducatif français est le plus inégalitaire des pays membres de l’OCDE (Organisation de Coopération et de Développement Economique). En effet, comme le montre le tableau ci dessous réalisé par le Cnesco (Conseil National d’évaluation du système scolaire), en France, le niveau des inégalités est en hausse alors que le niveau des défavorisés ne cesse de se détériorer.

Selon le Cnesco, une « longue chaîne de processus inégalitaires » se cumule et se renforce à chaque étape de la scolarité : inégalités de traitement, inégalités de résultats, inégalités d’orientation, inégalités d’accès au diplôme et même inégalités d’insertion professionnelle. Limités à l’école primaire, les clivages explosent à partir du collège. C’est, par exemple, à ce niveau-là de la scolarité que les élèves des établissements les plus défavorisés, en fin de 3e, ne maîtrisent que 35 % des compétences attendues en français contre 80 % pour les élèves scolarisés dans un contexte privilégié.


Si les compétences de base requises telles que la lecture ou l’écriture ne sont pas maitrisées, les élèves ne peuvent pas espérer intégrer des lycées généraux ni par conséquent, postuler pour des études supérieures et encore moins pour « grandes études ». Il s’agit donc de prendre ce problème au sérieux et de lutter pour que tous reçoivent et assimilent de la même manière les compétences universelles nécessaires à la poursuite de leurs études et à leur bonne intégration dans la société. Lutter contre les inégalités dans l’éducation permet une lutte plus globale : cela permet de rétablir l’égalité des chances et ainsi de réduire l’exclusion sociale, un des principes clés de l'Économie Sociale et Solidaire.




De nombreuses fondations et associations réfléchissent à des moyens pour refonder l’éducation afin de remettre au centre l’élève, d’écouter ses besoins et de comprendre comment il peut être mieux réceptif aux méthodes d’apprentissage. C’est le cas de l’association Agir pour l’école, créée en 2010 qui a pour ambition de lutter contre le décrochage scolaire en trouvant des solutions contre l’échec et les inégalités scolaires. C’est une plateforme d’expérimentation de nouvelles méthodes d’apprentissage de la lecture. Ces nouvelles méthodes sont fondées sur des recherches scientifiques et des résultats concluants.

Agir pour l’école part du constat qu’1 élève sur 5 ne sait pas lire à la fin du primaire et sort du système scolaire sans diplôme. Ils cherchent donc à intervenir tôt et de manière personnalisée pour réduire le taux de décrochage scolaire. Cette association fait le lien entre l’éducation nationale et la recherche pour mettre à la disposition des enseignants de nouveaux outils pédagogiques pour apprendre la lecture aux élèves. Leur méthode est basée sur trois principes : l’individualisation, la progressivité et le temps. Ils ont testé cette méthode de 2011 à 2014 dans des classes de primaire de zones d’éducation prioritaire en les comparant avec des classes de primaire classiques. L’expérience a été un succès, le nombre d’élèves en difficulté pendant leur apprentissage de la lecture a diminué par deux dans les classes ayant appliqué la méthode d’Agir pour l’éducation.


Cette association ne peut se gérer seule et fait intervenir de nombreux partenaires qui agissent ensemble pour leur projet : on peut notamment citer la fondation HSBC pour l’Education, la fondation Solidarité de la Société Générale, la fondation d’entreprise Total, le groupe Dassault, le Ministère de l’éducation nationale. Des fonds privés et des fonds publics investissent dans cette action, prouvant bien que l’accès à l’éducation et la réduction des inégalités dans ce domaine est l’affaire de tous. Ces partenaires cherchent à s’investir dans des projets à utilité sociale et non plus seulement à faire du profit.


Autre initiative : ZUP de Co. Cette association part du principe qu’il existe un lien clair entre manque de moyens économiques et difficultés scolaires. En effet, bien souvent, les soutiens scolaires qui s’avèrent très bénéfiques et utiles dans la réussite et la progression scolaire de nombreux élèves présentent un coût important que beaucoup d’entre eux en difficultés ne peuvent s’offrir. ZUP de Co a donc été créée en mars 2005 afin de proposer à des collégiens un soutien scolaire gratuit, quand leurs parents n’ont ni les compétences, ni les moyens financiers d’assurer le suivi des devoirs.


En 2009, cette association a obtenu l’agrément "action complémentaire de l’enseignement public" et en 2010, l’agrément "service civique".  Zup de Co oeuvre contre l'échec scolaire en partenariat avec l’Education nationale, l’Enseignement supérieur, les pouvoirs publics et le monde de l’entreprise.


L'association a choisi pour méthode le tutorat solidaire. Il s'agit concrètement de former un binôme entre un étudiant et un collégien durant toute l'année scolaire.

Des étudiant(e)s issus d’Universités et Grandes Écoles s’engagent bénévolement 2h par semaine pour accompagner sur la période scolaire:

un(e) collégien(ne) en tutorat individuel  et/ou un petit groupe de collégien(ne)s pour faire les devoirs du soir.


Enfin, un dernier exemple d’une association qui lutte contre les inégalités scolaires :

Peuple et Culture, issue de la Résistance et des camps de concentration, les fondateurs de cette association militent depuis 1945 pour la libre communication des opinions et le droit à l’éducation et à la culture. Ils développent  des démarches d’éducation populaire, favorisant l’éducation critique, l’autonomie, l’ouverture culturelle et interculturelle, la transmission des savoirs, le goût de l’expression et de l’action collective, de la créativité et du vivre ensemble.


Par exemple, A Montpellier, La Boutique d’écriture, créée par une équipe de militants de Peuple et Culture a su développer formations et animations autour de la langue et du livre. Ce projet avait un parti-pris très affirmé d’associer des écrivains en résidence permanente pour animer des ateliers d’écriture ouverts à un public aussi divers que possible et faire connaître les productions de cette expérience à la fois individuelle et collective du rapport à la langue, à l’écriture, à la création.

Le but de cette association est donc de  favoriser une émancipation collective et individuelle par des activités éducatives et culturelles, en dehors du système scolaire.


Dans une société démocratique l’école représente un enjeu important puisque la place de chacun est censée dépendre de son talent et non de son appartenance à un groupe défini par son niveau de richesse économique, sociale ou culturelle.  Nous l’avons vu, le problème de l’accès à l’éducation est de grande ampleur, et les inégalités sont très importantes en France.


De nombreuses pistes ont été explorées  quant à la lutte contre ces inégalités : réduire de façon ciblée la taille des classes, lutter contre la ségrégation voire l’apartheid scolaire, combattre les inégalités économiques (notamment les inégalités d’accès au logement), s’opposer à la logique de concurrence des marchés scolaires (entre établissements).


Mais ce qui en ressort c’est que ces  inégalités d’apprentissage pourraient être fortement liées à la façon dont le rapport au savoir se construit.La lutte contre les inégalités reposerait également sur une exigence de personnalisation et de différenciation.


Dès lors, comme nous l’avons vu , des initiatives se multiplient à cet égard, et leurs résultats sont significatifs. Ceci montre que le tissu associatif peut largement apporter des solutions, afin d’accéder à la réussite scolaire et la lutte contre l’exclusion sociale.

De nombreuses associations continuent de lutter contre ce fléau, et beaucoup d’autres s’orientent vers des méthodes nouvelles qui pourraient justement changer le rapport des élèves à l’apprentissage et au savoir. Ces méthodes passent bien souvent par le numérique.

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