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  • Photo du rédacteurNOISE emlyon

La situation des femmes dans les pays des "Mission Microfinance"

Dans le cadre d'"Une semaine pour Elle", le Noise emlyon vous propose une rétrospective de la condition féminine dans les pays où devaient se dérouler les Mission Microfinance au mois de juillet. Au programme, Vietnam, Guatemala, Nicaragua, Tanzanie, Madagascar et Sénégal !



Nicaragua



Le Nicaragua est un petit pays d’Amérique Centrale qui compte 6 millions d’habitants dont 57% de femmes. Ce pays est classé par le World Economic Forum comme le 5ème pays le plus avancé dans l’égalité Hommes-Femmes, juste derrière les pays scandinaves, grâce à son indicateur politique. En effet, au Parlement comme au gouvernement, le Nicaragua est proche de la parité absolue (45% de députés femmes, 53% de ministres femmes). Cela en fait le pays en Amérique Latine avec la plus grande représentation parlementaire féminine, qui peut s’expliquer par la mise en application d’une loi en 2012 qui impose aux partis politiques de présenter au moins 50% de femmes aux élections municipales.


De plus, le gouvernement a développé plusieurs programmes à destination en priorité des foyers où la femme est chef de famille (foyers souvent monoparentaux) comme le programme « Faim Zéro », « Usure Zéro » ou « Amour » pour leur donner accès à des terres, à des crédits à des taux d’intérêt justes et à la garde de leurs enfants pendant que ces femmes travaillent. Enfin, le pays est le troisième d’Amérique Latine à reconnaître le féminicide comme un crime en 2011.


On voit malgré tout que le pays a encore beaucoup d’avancées à faire en termes d’éducation et d’intégration économique des femmes. Le Nicaragua est par exemple le pays avec le taux d’adolescentes enceintes le plus élevé d’Amérique Latine : en 2013, 28% des femmes ayant accouché avaient moins de 18 ans. De plus, l’avortement y est interdit depuis 2006 ; les avortements faits illégalement sont depuis en hausse et mettent en danger la vie des jeunes filles concernées. La situation y est plus préoccupante encore au sein des zones rurales, où trois filles sur dix mènent une grossesse à terme durant leur adolescence, dû notamment au manque d’éducation sexuelle. La situation est malheureusement renforcée par les croyances religieuses et les normes trop sévères en matière de rôles sexués, fortement implantées dans la culture locale, qui ont un impact direct sur les violences dont les femmes sont souvent victimes.


En effet, on estime que 60% des femmes ont déjà été agressées au moins une fois par leur partenaire et ce chiffre pourrait être bien supérieur, puisque peu de femmes portent plainte. Elles ne sont souvent pas prises au sérieux par la police, qui conseillent la médiation au sein de la famille ou du couple pour régler leurs « problèmes de couple ». De plus, depuis 2017, la loi qui condamne le féminicide a été modifié pour restreindre la définition du féminicide à la sphère privée et aux relations entre époux ou partenaires.


Ainsi, le Nicaragua doit poursuivre ses efforts pour se rapprocher d’une égalité homme-femme dans tous les domaines, grâce à notamment une éducation sexuelle plus présente et une application plus stricte des lois qui protègent les femmes.



Guatemala



Les difficultés actuelles d’être une femme au Guatemala


Au cœur de l’Amérique centrale, entouré notamment du Salvador du Honduras et du Mexique, le Guatemala se présente comme une république présidentielle démocratique depuis 1996, période de fin de la guerre civile qui avait opposé depuis 1960 des groupes révolutionnaires armés de gauche au régime autoritaire militarisé au pouvoir.

Cependant le niveau de respect des droits humains dans le pays ne semble pas réellement cadrer avec cette appellation. Les habitants, et notamment les femmes, ne bénéficient pas d’un cadre de vie leur permettant de jouir pleinement de leurs droits. La population souffre des conséquences du narcotrafic, du crime organisé et de la corruption politique

· 2 femmes sont tuées chaque jour.

Le Guatemala figure dans les dix pays les plus dangereux pour les femmes avec un taux de féminicide de 9 femmes sur 100 000 en 2018. La grande majorité de ces violences demeurent impunies, près de 82%. Ces meurtres de femmes se produisent en partie à la suite de violences conjugales graves mais les femmes au Guatemala sont également victimes des règlements de compte entre les bandes armées rivales. Sœurs et fiancées deviennent facilement des instruments de pression. (Source : Unicef)

· 4 à 6 ans : il s’agit du nombre moyen d’années de scolarité des filles.

Le niveau d’éducation des jeunes filles est faible à travers le pays, de façon encore plus marquée dans les régions plus modestes habitées par les autochtones. Le système éducatif est ancré dans un modèle patriarcal où les jeunes garçons peuvent étudier tandis que les jeunes filles doivent rester en retrait. Manque de ressources des familles, éloignement des écoles, pression pour se marier et trouver rapidement un travail, les jeunes filles rencontrent encore de nombreux obstacles à la poursuite de leur apprentissage. (Source : Unesco)

· 43% des femmes sont mères avant l’âge de 20 ans (Source : Encuesta Nacional de Salud Materno Infantil – Enquête nationale)

Actuellement l’avortement est légal au Guatemala uniquement dans les cas où la grossesse menace la vie de la mère, mais dans les faits l’accès à l’IVG est extrêmement difficile.

Depuis sa présentation en 2017 par le Parti de droite VIVA, la « Loi de protection de la vie et de la famille » est discutée au Congrès Guatémaltèque. Elle propose notamment la criminalisation des fausses couches et de rendre passible d’emprisonnement toute initiatives de promotion de l’avortement ou de facilitation d’accès à celui-ci. (Source : Amnesty International)


Une évolution positive et de récentes actions à louer


Les accords de paix de 1996 ont été une opportunité pour l'amélioration de la condition féminine au Guatemala grâce notamment - à la création de plusieurs organisations féminines. En effet, de nombreuses femmes se sont retrouvées veuves à la suite du conflit interne. Seules avec leurs enfants à charge, elles ont décidé de créer des groupes de soutien collectif par communauté. L'objectif premier de ces regroupements était l'appui moral mais peu à peu ils ont intégré des formations techniques, des formations à la vie citoyenne et politique, des sessions d'alphabétisation, de conscientisation sur le droit des femmes, ainsi que des activités artisanales pour générer des apports économiques et une autonomie financière.


Certaines membres ont même obtenu des prêts avec lesquels elles ont pu démarré une activité de production qui leur a servi de tremplin vers une vie plus indépendante. - à l'adoption de lois en faveur des femmes 1999 : création du programme de la Défense de la Femme Indigène. 2000 : création du Secrétariat Présidentiel de la Femme 2010 : réforme du code municipal donnant naissance aux Bureaux Municipaux de la Femme. Peu à peu on remarque un changement au niveau de la confiance des femmes en elles et du rôle qu'elles souhaitent s’approprier. Elles ne veulent plus seulement être responsables de la maison et des soins portés aux enfants, mais désirent également prendre leur place dans l’espace public. Il reste de nombreuses barrière à briser, culturelles religieuses et politiques, mais le mouvement est lancé.



Tanzanie



Alors que selon les coutumes, les femmes ne peuvent ni posséder ni hériter de terres, il existe, dans la région de Mara au nord de la Tanzanie, une vieille tradition du peuple kuria appelée « Nyumba Ntobhu ». Elle permet aux femmes de se marier entre elles afin de ne pas subir l’expropriation de leur belle famille et de protéger leur héritage. Or, cette pratique est de plus en plus utilisée pour se protéger des violences conjugales.


A l’origine, la pratique était utilisée pour des question d’héritage. En effet, les femmes n’ayant pas d’héritier masculin peuvent être privées de leurs biens. En épousant une autre femme, elles peuvent espérer que celle-ci aura un fils dans une relation hors-mariage et qui deviendra alors leur légataire commun.


Dans la région de Mara, 78% des femmes ont été abusées par leur mari. Certains habitants pense en effet que « si une femme n’est pas battue, elle n’est pas aimée ». Pour se protéger, de plus en plus de femmes se marient entre elles pour éviter ces violences conjugales. Joseph Matiko, un habitant kuria, déclarait ainsi au monde en 2019 que « beaucoup d’hommes vivent seuls maintenant parce que si vous battez une femme, elle vous quitte ». C’est l’histoire de Sifa Mwana, 22 ans, qui après avoir été battu pendant 4 an par un mari ivre a choisi de se remarier avec une femme.


Malgré cette tradition et une augmentation de la représentation des femmes au parlement avec 36% de femmes élues et une vice-présidente, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour les défenseurs de l’égalité homme-femme. Ils demandent par exemple, l’inscription de l’égalité homme-femme dans la constitution. La constitution reconnaît l’égalité entre toutes les « personnes ». Or dans certaines communautés, une femme n’est pas considérée comme une « personne ». Anna Abdallah, membre d’une association de femmes politiques reconnaît qu’un article aborde la question mais ne veut « pas seulement d’un article qui traite du genre, nous voulons que cela soit largement abordé dans toute la constitution ». Des associations militent aussi pour que le droit à la propriété et aux veuves d’hériter de leur mari soit inscrit dans la population. Un problème qui touche particulièrement les milieux ruraux quand on sait que 70% des tanzaniens dépendent de la terre pour survivre.



Vietnam



Depuis la fin du 20e siècle, le Vietnam tente d’améliorer les conditions de vie de ses citoyens en respectant les critères internationaux et la lutte pour le droit des femmes en fait partie.

Les femmes vietnamiennes subissent, encore aujourd’hui, une pression sociale qui puise son origine dans le confucianisme. Cependant, la mondialisation et l’ouverture du pays ont rendu possible l’évolution du rôle de la femme, aussi bien à l’extérieur que dans le socle familial. Les femmes aujourd’hui sont plus indépendantes, les préjugés sociaux qui prévalaient encore au XIXe siècle s’estompent…

Par ailleurs, il y a un véritable cadre légal et constitutionnel au Vietnam depuis 1945 pour l’égalité des genres. La loi donne l’opportunité aux femmes de pouvoir participer à la vie politique au même titre que les hommes. Par exemple, à l’Assemblée Nationale, 25% des membres sont des femmes, la vice-présidente est une femme... Celles-ci occupent des postes à responsabilité desquels la génération précédente ne pouvait se permettre de rêver.

Il y a une réelle prise en compte de cette nécessité de mieux représenter la gente féminine dans les plus hauts rangs de l’État : après la Conférence mondiale sur les femmes à Pékin, le Vietnam a mis en place un véritable plan d’action qui reconnait l’importance de mettre en place des politiques et des programmes qui accroîtraient le rôle des femmes dans la sphère économique et politique.


Madagascar



1/3

Dans une société marquée par les violences conjugales et un patriarcat enraciné, les droits de femmes peinent à être respectés sur l’île : 1/3 des femmes affirment avoir déjà subi des violences de leurs proches masculins (mari, père, frères…).

5%

A cause des risques de représailles, de la pression induite par la société et du manque de connaissance de leurs propres droits, peu de femmes portent plainte : 5% des agressions mènent à des enquêtes judiciaires.

2008

Le tourisme sexuel, un autre fléau qui touche les malgaches : cette pratique n’est interdite par la loi que depuis 2008, bien insuffisante pour faire disparaître ce phénomène et dissuader les touristes occidentaux d’y recourir.

1

Une avancée qui laisse entrevoir un espoir d’amélioration : une loi réprimant les violences fondées sur le genre a été votée en 2019 (des peines de 6 mois à 5 ans de prison et des amendes allant jusqu’à 250€ y sont associées).



Sénégal


Quelle situation pour les femmes sénégalaises ?



Au Sénégal, l’observatoire national de la parité (ONP) est une organisation ayant pour but de rendre compte de la situation de la femme dans le pays.


Selon l’ONP, en matière d’éducation, si les femmes sénégalaises sont scolarisées dans les relatives mêmes proportions que les hommes, leur taux d’alphabétisation est plus faible (44,9% des femmes contre 61,7% des hommes).


Concernant l’économie, la présence des femmes est très faible dans de nombreux secteurs. Seulement 13,6% des terres agricoles exploitées sont détenus par les femmes. Dans l’industrie, leur proportion varie de 15 à 17% selon les secteurs. Elles sont cependant surreprésentées dans le secteur de l'hôtellerie-restauration puisqu’elles représentent 72,8% des chefs d’entreprises qui détiennent un bar, un hôtel ou un restaurant.


La disparité du taux de chômage au Sénégal selon le genre est très importante : celui-ci est de 24,1% des femmes de plus de quinze ans contre 10% des hommes du même âge.


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C'était mieux après.

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